dimanche, juillet 29, 2012

Transformer l'émotion au travail en énergie

Voici un article de l'Express du 24 juillet, écrit par Philippe Laurent, conférencier, coach et formateur, donnant une recette (à tester)  afin d'intégrer et de transformer une émotion au travail.
 


"Transformer l'émotion au travail en énergie: le FEBA"

Comment se libérer de ses émotions au travail et les exploiter? Philippe Laurent, conférencier, coach et formateur, nous présente la méthode FEBA.

 

Comment exploiter cette énergie? En développant l'assertivité par la pratique de ce que j'appelle le FEBA. La personne assertive est capable de mettre un nom sur l'émotion qu'elle ressent, de prendre le recul nécessaire sur le moment et d'exprimer son ressenti avec maitrise dans le respect de la personne à laquelle elle s'adresse. L'entreprise est le lieu des interactions, des échanges, de la collaboration... des frottements. L'homme étant homme ne peut pas s'exprimer sans émotion, ni ne pas ressentir l'émotion de l'autre, ni ne pas avoir d'impact sur l'émotion des autres. Ne pas prendre en compte les émotions dans la vie de l'entreprise c'est tout simplement enlever la vie dans l'entreprise, et donc l'envie. 
Prenons un cas concret. Un jour, une jeune femme -appelons la Béatrice- vient me voir et me raconte ce qu'elle vient de vivre avec son patron: ils devaient présenter ensemble les résultats de la société devant le Comité de Direction Générale (CDG). Voilà qu'au moment d'entrer dans la salle, son patron lui dit qu'il n'est pas disponible et qu'elle doit le faire seule. La peur s'empare d'elle mais elle parvient à la surmonter devant le CDG. A la fin de la présentation, elle éprouve une vive colère à l'encontre de son boss. Le FEBA a libéré Béatrice du poids de cette émotion et a libéré l'énergie de sa colère pour la mettre au service de la collaboration. Comment cela c'est-il passé? Nous avons préparé ensemble un FEBA. 
F comme les FAITS 
Quand je suis "sous" l'émotion, ma raison n'a plus beaucoup de place, je ne regarde plus les choses, les personnes, ni les situations de manière objective mais affective. Ce n'est donc pas le bon moment pour agir ou prendre une décision. Quand l'émotion est là, la première chose à faire est de la recevoir et de la nommer. J'invite même mes sujets à la noter sur un papier avec tous les éléments objectifs qui l'on suscitée : les mots, les attitudes, la situation précise, etc. Je ne réagis donc jamais sur le moment (si je le peux). Avec Béatrice, nous avons pris le temps de réexaminer les faits et de les noter de manière précise et objective, sans aucun jugement de valeur. Difficile de ne pas juger quand on a été blessé! 
E comme les EMOTIONS ressenties 
En réexaminant les faits de manière objective, Béatrice se souvient des différentes émotions qu'elle a ressenties. En premier, la surprise puis la peur, puis le dégoût, enfin la colère. Ces émotions ne sont ni bonnes ni mauvaises: elles existent, piont final. Elles existent certes de manière subjective et intentionnelle, mais bien de manière réelle. En notant les émotions ressenties, je ne les ressens plus, je les reconnais pour mieux les comprendre. 
B comme BESOINS non satisfaits 
En notant les émotions ressenties, Béatrice a compris quels sont ses besoins qui n'ont pas été satisfaits. Elle a été surprise: son besoin d'anticipation n'a pas été satisfait. Elle a eu peur: son besoin de sécurité et de soutien de sa hiérarchie a disparu d'un coup. Elle a été dégoutée car la situation lui a été imposée de l'extérieur sans aucune concertation, et a eu de la peine à l'avaler! Elle a été en colère car son besoin de confiance et de stabilité a été bafoué par un comportement qu'elle a trouvé injuste. Les besoins de Béatrice ont été notés sur le papier. 
A comme demande d'ACTION 
L'objectif du FEBA n'est pas seulement de dire les choses (ce qui soulage une personne) mais de changer les comportements (ce qui construit). Par le FEBA, l'autre prend conscience de ce qui s'est passé et de ce qui a été ressenti. L'objectif du FEBA n'est pas de régler ses comptes mais de retrouver l'envie de travailler ensemble. L'autre doit donc pouvoir entendre ce qui est dit et accepter de trouver un nouveau modus vivendi qui convient aux deux. La demande d'action se formule de la manière suivante : je te demande de... L'enjeu de cette démarche est important car il s'agit de redynamiser mon engagement personnel. Ma demande doit donc être ferme et précise. Cette demande est aussi notée. 
Quand tous ces points sont bien notés, le FEBA est prêt: il ne reste plus qu'à faire la démarche... C'est le plus dur mais c'est le plus rapide et en plus, ça marche! La personne que vous avez en face de vous (son boss dans le cas de Béatrice mais cela peut être un collaborateur ou un collègue), n'a pas de raison de vous couper la parole car, ne portant pas de jugement, ce que vous dites est incontestable: les faits sont les faits, vos émotions sont vos émotions, vos besoins sont vos besoins et votre demande est votre demande. Si l'autre tente de vous couper la parole pendant votre FEBA, demandez-lui fermement de vous laisser aller jusqu'au bout de ce que vous voulez lui dire. Il comprendra et vous écoutera. 
Votre FEBA sera réussi si vous parvenez finalement à vous entendre avec l'autre sur ce nouveau mode de coopération que vous voulez instaurer entre vous. Contrairement à ce que l'on peut croire, cette démarche ne vous fait prendre aucun risque. Une personne normale ne peut pas être insensible à un FEBA bien préparé car l'émotion crée nécessairement l'émotion. Si votre interlocuteur n'accepte pas cette démarche, il est préférable de vous en éloigner. 
Grâce au FEBA que Béatrice a exécuté avec son boss, ce dernier a pu réaliser l'impact de son attitude sur elle. Très rationnel, il n'avait ressenti aucune gêne. A-partir de ce jour, il fait attention à sa collaboratrice et la respecte davantage. Il s'est excusé personnellement auprès d'elle et des membres du CDG... ce qu'elle lui avait demandé. 
Les exemples sont nombreux qui prouvent qu'il est bénéfique pour la vie en entreprise d'exprimer son ressenti avec maitrise et d'inscrire cette démarche " courageuse " dans une dynamique de projet. Voilà une preuve de plus qui montre le lien essentiel entre les émotions et le bonheur au travail. 
Par Philippe Laurent, conférencier, coach et formateur

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire